Trail du Garlaban

Bandeau Trail Sainte Victoire 2014

Affiche Trail du Garlaban 2014

Le récit de cette course aurait pu commencer très exactement comme celui de l’an dernier : trop mangé la veille, excès d’alcool, etc. En relisant certains de mes récits, il s’avère que j’aborde rarement mes courses dans les meilleures conditions. Soit je suis mal entraîné, soit j’ai fait la fête la veille, soit l’envie n’est pas là. C’est exact et vérifiable dans la plupart des cas mais je me dois d’admettre que cette posture inconsciente est ce qu’on appelle du « pessimisme défensif ». En psychologie du sport, c’est une façon de se protéger en anticipant d’éventuelles désillusions. Ainsi on accepte mieux un abandon ou un chrono minable par le fait qu’on l’avait prévu. Egalement, le regard des autres sur ses capacités s’en trouve à nos yeux moins dévastateur sur le plan de l’ego.

Comme beaucoup de sportifs, force est de constater que j’utilise sans le savoir cette méthode pour aborder plus sereinement des rendez-vous importants. C’est aussi une façon d’évacuer le stress d’avant course car si tout se passe mal j’ai, dans le cas présent, l’excuse d’une soirée trop arrosée et si, au contraire, tout se termine bien, ma performance n’en paraîtra que plus exceptionnelle. Bon, j’arrête ici avec l’auto analyse. Je pourrais écrire tout un article sur ce sujet passionnant que sont les stratégies d’évitement qu’un coureur narcissique est capable de mettre en place (et elles sont nombreuses) afin de garder de lui une image positive.

Malgré le fait que ce trail du Garlaban soit pour moi sans enjeu, j’ai l’estomac retourné ce matin à quelques minutes du départ. A cause du lourd repas de la veille certes, mais aussi et surtout à cause du stress. Phénomène que je n’avais pas ressenti le week-end dernier lors du Trail Sainte Victoire. Je devrais m’en réjouir car cette boule au ventre est le signe que j’ai retrouvé la motivation et le goût du challenge.

En termes de participation, cette 12ème édition est un vrai succès. Plus de 600 participants répartis sur les deux courses de la journée, un 14 et un 25 km avec respectivement 800 et 1300 mètres de dénivelé positive. Je suis positionné sur le long et l’objectif du jour sera de faire mieux que les 2 heures et 44 minutes de l’an passé. Beaucoup plus de monde que l’édition précédente mais aussi nettement plus de coureurs de haut niveau. La bataille sera rude en tête de peloton !

Je croise de nombreux regards connus sur la ligne de départ. J’échange quelques mots, sans plus. Je suis généralement plus loquace une fois la course terminée. Pour l’heure, je suis dans ma bulle, concentré. Je me persuade que je vais réussir à courir… C’est fou comme le stress génère parfois des pensées idiotes. Je ne suis pas très serein mais je sais que dans quelques minutes tout ira bien… Enfin j’essaie à cet instant de m’en persuader.

J’avais raison de m’en convaincre car pile au moment où la meute s’élance je n’ai plus aucune gêne, physique et mentale. J’ai même la lucidité de ne pas me laisser emporter par le flot de traileurs qui débordent de chaque côté. On enchaîne petites montées et descentes sur le bitume avant d’attaquer la première véritable montée, celle de deux kilomètres et demi qui se dirige vers le col des Marseillais.

Je trottine tranquillement. On me double régulièrement mais cette fois je suis redevenu un coureur sûr de lui et expérimenté qui ne laisse plus de place au doute. Je sais que les coureurs qui me doublent le paieront avant d’atteindre le Garlaban, le point culminant de la course, perché à 714 mètres. Je profite de l’instant et de la variété des sentiers. Nous alternons large DFCI et sentiers monotraces dans la garrigue provençale qui, en ce printemps précoce, sent déjà bon le thym et les autres plantes aromatiques de la région.

Trail du Garlaban

Une fois au col, nous basculons en descente dans le ludique vallon des Marseillais. La pente est raide et accidentée. Malgré tout j’arrive à garder un rythme soutenu. J’adore ce passage et je prends beaucoup de plaisir. Nous rejoignons ensuite les hauteurs de Lascours et empruntons pendant quelques minutes le bitume. Les sensations sont bonnes et je gère.

Nous quittons la route à droite pour reprendre un single track puis de nouveau un large sentier. Le profil est légèrement montant et permet de courir toute cette portion. Le parcours s’élance cette fois en direction des falaises du Grand Vallon qui surplombent Lascours. Le sentier plonge à nouveau et traverse des champs d’oliviers dans un paysage des plus pagnolesque.

Terminé le relief vallonné, place cette fois à une inclinaison plus… virile, si je puis dire. Le sentier gagne en cailloux et en pourcentage de pente. 400 mètres de montée m’attendent. Le soleil commence à chauffer dans le dos. En prévention je retourne ma casquette pour me protéger la nuque car il ne faudrait pas à nouveau prendre un coup de chaud (cf. Trail Sainte Victoire 2014). Je passe en mode marche rapide et en profite pour m’hydrater et prendre un gel. Durant cette course je n’utile pas de sac à dos d’hydratation mais la ceinture Salomon S-Lab Advanced Skin M Belt Set ainsi que deux flasks souples de la même marque. Une de 500 ml et une de 250 ml. C’est idéal pour ce type de format et c’est très agréable de courir avec la sensation de ne rien porter.

La montée est négociée sans problème. Je rattrape pas mal de coureurs. Certains me doublent à leur tour mais l’effort qu’ils fournissent pour dépasser laisse présager qu’ils le regretteront rapidement. Le sentier monotrace redevient plat, redescend légèrement puis remonte tranquillement pour rejoindre le pied du Garlaban. La montagne est superbe et impressionnante vue d’ici. Le passage en balcon qui suivra nous conduit vers la montée du Garlaban, plus courte et moins raide que la précédente.

Au sommet du Garlaban nous avons dépassé la mi-course. Le chemin redescend d’une centaine de mètres pour rejoindre le second ravitaillement. Je m’arrête quelques secondes le temps de remplir une de mes flasks. Nous filons cette fois vers le nord, direction le col du Tubé. Je rattrape et double des coureurs qui commencent à accuser le coup d’avoir démarré trop vite… C’était prévisible.

Trail du GarlabanToujours pas d’emballement de mon côté. J’accélère mais tout en douceur. Je sais maintenant que la course ne présente plus de difficulté à part un coup de cul dans 5 où 6 km. Le parcours alterne maintenant entre passages en fond de torrents asséchés et chemins dégagés en terrasses. Nous atteignons à nouveau les falaises de Lascours mais cette fois par le haut.

Le parcours rejoint celui du 14 kilomètres et c’est par dizaine que je double les coureurs du milieu de peloton. Il y en a tellement que le dépassement est parfois difficile et a tendance à me casser le rythme. Pas grave, je prends mon mal en patience et je profite du paysage. Je garde toutefois en ligne de mire un coureur du 25 km afin de me motiver à garder le rythme…

Je le double un peu plus loin mais je me rends vite compte qu’il m’a laissé le doubler afin que je lui serve de lièvre. Il s’accroche quelques temps mais deux ou trois accélérations auront raison de son acharnement à me suivre. Ce n’est pas très sympa de ma part mais à ce niveau de la course on ne se fait pas de cadeau. Je passe sans m’arrêter au troisième et dernier ravitaillement. J’attrape juste un verre d’eau afin de me mouiller la tête. Une dernière courte bosse à grimper et c’est enfin la longue descente finale vers Roquevaire.

Cette fois, il faut lâcher les chevaux ! C’est ce que je tente de faire mais à nouveau les coureurs en souffrance du 14 km me ralentissent dans mon élan. Du coup je prends quelques risques dans les dépassements. Je fais quelques dérapages incontrôlées et virages approximatifs mais pas de chute à signaler, ouf !

Retour au bitume et retour à la civilisation. Moins d’un kilomètre et c’est l’arrivée. Ça va très vite sur cette portion de route tout en descente. Un virage à droite puis c’est la dernière ligne droite de 250 mètres sur laquelle je dépasse les 18 km/h. C’est à fond et dans une forme olympique que je franchis l’arche. Beaucoup de monde est là pour encourager et applaudir, ça fait très plaisir. J’arrête mon chrono que je n’avais pas regardé une seule fois durant toute la course et je constate avec surprise que j’améliore mon temps de… 30 secondes. Si ce n’est pas de régularité, il faut qu’on m’explique !

Trail du Garlaban

À mon tour j’applaudis les arrivants et prends maintenant le temps de discuter avec les copains dont un que je n’avais pas vu depuis des années. Ce qui est bien avec la course à  pied c’est qu’on fini toujours par retrouver des amis qu’on croyait ne plus jamais revoir. Satisfait de ma performance, je n’aurai même pas besoin de lui mentionner mes excès de la veille. Quel soulagement ! Ça n’est pas encore aujourd’hui que l’estime de soi sera mise à mal. Vite ! Préparons des excuses pour le prochain grand rendez-vous…

Dossard Trail du Garlaban

Crédits Photos : Plein Cadre

Voir la trace GPS sur Movescount

Résumé Trail du Garlaban 2014

Distance

Dénivelé

Chrono

Classement

FC Moyenne

Lieu

25 km

1300 D+

2:44:12

34/351

(17 V1M)

151 bpm

83%

Roquevaire

 

16 réflexions au sujet de « Trail du Garlaban »

  1. Ahhh ces excuses effectivement elles nous arrangent bien parfois ! Mais beaucoup ton récit qui est complètement sincère pour le coup 🙂 Et Bravo pour ton joli chrono, et cette ligne d’arrivée franchie à plus de 18km/h !!!!!! Impressionnant pour une ptite coureuse comme moi !

    • En effet, c’est bien de temps en temps de se dire qu’on a peur de se confronter à la vérité plutôt que se cacher derrière des excuses. Prendre un bon coup à l’orgueil c’est nickel pour se remettre en question et au travail.

  2. Effectivement, je ne peux pas t’engueuler 😉
    Belle course, et belle régularité et classement de malade. Comme d’hab je me revois dans l’arrière pays en lisant tes CR. Bon vu que tu as performé, je me dois de bien gérer ma course, et surtout prendre du plaisir la semaine prochaine. D’ici là faut que je me trouve des excuses pour le au cas ou 😉

    • Le plaisir passe aussi par le fait qu’on s’est bien battu pour finir sa course. En tout cas moi, je trouve du plaisir dans l’effort… Surtout après 🙂
      Attention, aucune excuse sera acceptée à ta prochaine course !

  3. Quand on te lit ça a presque l’air facile!
    J’espère que ça a effectivement été aussi agréable à courir que ça l’a été à lire.

    Pour les excès de la veille, je ne serai pas de bons conseils… j’ai fait mon trail hivernal du Sancy dans une forme olympique après un combo pizza/champagne/raclette/vin rouge. Je ne crois plus du tout aux bienfaits des pâtes. 😀

    (Au fait, j’ai fini par trouver cette ceinture Salomon que tu m’avais chaudement recommandée un peu par hasard dans mon Sport 2000 qui est en liquidation totale… Quand j’ai vu le prix j’ai pas pu la reposer, c’était trop beau pour être vrai… )

    • T’as raison, les pâtes la veille c’est surfait et c’est d’un banal… On ne va pas non plus passer à côté des plaisir de la vie, non mais !
      Mais punaise, on le paye le lendemain…

      Cool d’avoir trouvé du Salomon en méga promo, c’est aussi rare que gagner au Loto 🙂
      Tu nous feras un petit article ?

      • Je devrais peut être jouer au loto… Y a des chances pour l’article, quand j’aurai suffisamment trimbaler la bête sur les chemins des causses! 😀 (Première fois ce midi mais sur route, on a effectivement l’impression de ne rien porter… )

  4. Joli récit
    Il y a longtemps que je n’étais passée ici (honte sur moi) et suis ravie de voir que la forme est là et que tu traverses de paysages qui à te lire donne envie d’être visité 🙂

    • Merci Yoan.
      Finalement les trails s’enchaînent mais les histoires à raconter sont différentes… Enfin j’espère que c’est ressenti comme ça côté lecteur.

    • Tu as complètement raison mais c’est plus fort que moi j’ai toujours un peu de stress au départ d’une course et ces fameuses excuses me servent probablement à dédramatiser l’enjeux (qui n’existe d’ailleurs que dans ma tête). Il faudrait peut être que je consulte 🙂

      Je suis allé voir ton blog et j’y retrouve des endroits que je connais bien puisque je suis originaire de Dijon. J’y retourne de temps en temps et j’adore pouvoir courir en forêt sur un sol souple et sans trop de pierre (tout le contraire d’ici !). J’avais fait en 2012 le 15 km de l’Alésia Trail et j’en garde un très bon souvenir.

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