Sainte Victoire entre ciel et terre

Entraînement

Partager une sortie longue en entraînement ne me paraît pas d’un très grand intérêt, sauf quand celle-ci est exceptionnelle. Celle que je tiens à vous présenter ne se déroule pas au bout du monde ou dans des conditions extrêmes mais simplement à quelques kilomètres de chez moi et dans un décor que je connais par cœur. Toutefois elle est exceptionnelle par sa configuration. On est ici à la frontière entre le trail, la randonnée et l’escalade, sur un parcours qu’on ne risque pas de rencontrer sur une course officielle car trop aérien, trop dangereux.

Sainte Victoire

On imagine mal des sentiers parcourir cette face…

En effet, ce parcours que je réalise de temps en temps pour me faire les jambes consiste à grimper trois fois Sainte Victoire par les sentiers les plus raides du massif. Une sortie de 3 heures environ pour seulement 12,3 km mais avec 1600 m de dénivelé positif sur une pente (rocheuse) qui dépasse par endroit les 60%. Sur ces 12,3 km, je cours finalement très peu, même en descente car la chute est interdite. D’une part parce que l’accès des secours serait rendu compliqué par l’omniprésence de falaises, d’autre part parce que ces sentiers sont peu fréquentés… Surtout le matin avant 8 h.

Le départ se fait au niveau du parking des Deux Aiguilles. Une fois que vous traversez la route, c’est partie pour près de 2 km de montée quasi sans plat et encore moins de descente (une dizaine de mètres au maximum). On attaque par un large sentier qui fait face à la paroi des Deux Aiguilles. Vu du parking, ça semble déjà bien grimper. Je confirme, ça grimpe bien ! Sans échauffement, vous pouvez courir jusqu’au premier ressaut. Vous grimpez de 85 m en seulement 550 m de chemin. Les 5 minutes qu’il me faut pour atteindre ce premier ressaut feront bien monter le cardio.

Parcours

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Profil

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Une petite montée en single et vous arrivez au pied de la falaise. Une brèche par la droite, appelée le Pas de l’Éléphant (un trou dans la dalle rocheuse qui ressemble à une empreinte de pas d’éléphant), permet de trouver le sentier, balisé en noir, qui s’envole en traversé vers la gauche, surplombant les premières strates de falaises. Il est alors difficile de courir car le chemin à suivre serpente au milieu d’un océan de roches inclinées qui mettront l’adhérence de vos chaussures de trail à rude épreuve. Aucun problème avec les semelles Contagrip de mes Salomon XT S-Lab 4 Softground. Ça accroche nickel sur le calcaire du massif qui est, soit dit en passant, l’un des plus adhérents qui existe dans la région.

La vue est grandiose et devient peu à peu aérienne dès qu’on approche l’aplomb du Garagaï, un tunnel naturel qui permet de regagner le sommet de la montagne. Le sentier noir devient alors beaucoup plus raide et grimpe le long d’un pierrier bordé d’arbres rescapés du grand incendie de 1989. Le sentier vert, que je prendrai tout à l’heure, arrive verticalement du pied de la falaise et rejoint le noir.

Départ - ArrivéeAprès quelques  minutes, le pierrier laisse place à nouveau au rocher où il faudra mettre les mains pour progresser. Arrive alors le trou du Garagaï et une dizaine de mètres d’escalade facile sur un rocher gras et patiné, donc rendu très glissant. La sortie du Garagaï marque l’arrivée au sommet. Je réalise ce matin l’ascension en 33 minutes et 10 secondes (mise à jour : Nouveau record personnel le 25/01/14 en 30’48), un temps qui reste, à ce jour mon meilleur chrono. Mais je vous vois venir, compétiteurs que vous êtes… Y’a effectivement encore pas mal de secondes à grappiller. Avis aux amateurs de kilomètre vertical !

Je rejoins alors la Croix de Provence et ensuite le Prieuré. J’emprunte une partie de la descente du sentier Imoucha et je plonge ensuite sur la gauche par le Pas du Moine pour une longue descente très technique avec un court passage de désescalade sur rocher patiné. En arrivant vers le refuge Cézanne, il est enfin possible de courir en lâchant les chevaux.

J’emprunte alors le sentier marron et je rejoins en traversé l’oratoire situé au pied des falaises du secteur de l’Oppidum. La vue de l’oratoire depuis le refuge Cézanne suffit pour casser le moral et prépare psychologiquement à cinq bonnes minutes de souffrance. En courant tout le long cette montée finira par bien piquer les jambes.

Pas le temps de souffler à l’oratoire, puisqu’il faut attaquer un single sur la gauche, le sentier Forcioli, balisé en vert. La pierre qui matérialise le début du sentier ne laisse aucun doute sur l’exposition du parcours « Sentier très difficile. Corde nécessaire » : Tout est dit.

Sainte Victoire

Après quelques lacets dans les taillis, le sentier part au pied des falaises vers la gauche et bute sur l’écaille de tortue (dalle décollée posée au sol, haute de 10 m). Il faut être vigilant pour repérer le balisage qui emprunte purement et simplement la falaise. On passe en mode escalade. Rien de difficile mais la chute est interdite. Trois falaises en gradin d’un dizaines de mètres sont à gravir. Ces passages sont sublimes et très aériens. On alterne escalade sur un calcaire sculpté et montée d’éboulis dans un cheminement incroyable qu’on imagine impraticable depuis le bas.

D’autre part cette succession de relief est le terrain idéal pour tester la précision de l’altimètre barométrique de la Suunto Ambit2 que j’ai actuellement en test.

On rejoint ensuite le sentier noir de tout à l’heure. On remonte le long éboulis épuisant puis le passage aérien avant de passer pour la seconde fois par le Garagaï.

Le Garagaï

Au sommet, on redescend par le sentier Imoucha. Mais cette fois on ne bifurque pas au Pas du Moine mais on descend 100 mètres plus bas pour prendre le Pas de L’Escalette afin de rejoindre le pied de la montagne au niveau du refuge Cézanne.

Arrivé à ce refuge, on reprend immédiatement à gauche le sentier jaune, moins difficile et exposé que le vert mais tout aussi aérien. C’est partie pour 430 mètres de montée ! Dans un premier temps j’emprunte un single qui serpente parmi les plantes aromatiques typiques de la Provence (thym, romarin, fenouil, genévrier commun, etc.). Ensuite des chaînes permettent de passer le Pas de la Savonnette qui porte merveilleusement son nom. Sans elles ce passage serait plus hasardeux. Pour celles et ceux qui douteraient de leur force des bras, ils peuvent l’éviter par un contournement.

Tracé Jaune

vue plongeante vers le pied de la montagne

La dernière partie de cet itinéraire ressemble au sentier Forcioli. C’est magnifique et la vue plongeante vers le bas de la montagne est omniprésente. On n’a pas seulement l’impression d’être perdu en pleine face… On est perdu en pleine face ! Cette troisième montée devrait à ce stade vous brûler correctement les cuisses. D’un autre côté, vous êtes là pour ça ! On arrive quand même par endroit à alterner course (sur quelques mètres) et marche (quasi tout le long). Suivant l’inclinaison de la pente on aperçoit, encore très haut, la croix de Provence.

C’est presque surpris qu’on arrive au sommet pensant devoir encore gravir un énième ressaut rocheux. Par un sentier de traverse on rejoint la dernière section du sentier Imoucha. On passe à nouveau devant le Prieuré et la Croix de Provence mais cette fois dans l’autre sens.

La dernière descente se fera par le Garagaï puis le sentier noir qu’il faudra appréhender avec prudence. En effet, on dépasse les 2 h 30 d’effort et les appuis deviennent moins précis. Même si ce sentier est le plus facile des trois, il reste très impressionnant en descente. Impossible de courir sur la partie supérieure. Plus bas, on retrouvera la possibilité d’allonger la foulée sur quelques mètres avant d’être à nouveau ralenti par une pente rocheuse.

Fred Sainte Victoire

Passé le Pas de l’Éléphant, on retrouve enfin un large sentier où il est possible d’accélérer jusqu’au parking. Arrêt du chrono au niveau de la route… 2 heures 58 minutes et 8 secondes pour boucler l’itinéraire. On peut largement faire mieux. Mais toutefois je conseille d’aller plus vite uniquement en montée. On peut évidemment bombarder et gagner pas mal de temps en descente mais au risque de se blesser gravement.

Si vous souhaitez plus d’info sur ce parcours, n’hésitez pas à me solliciter. Quant aux habitués de la Sainte Victoire, faites-nous partager vos plus beaux parcours.

A TÉLÉCHARGER : PLAN DES SENTIERS DE LA MONTAGNE SAINTE VICTOIRE

EN SAVOIR PLUS SUR LES SENTIERS : CONSULTER LE SITE DES AMIS DE SAINTE VICTOIRE

Montagne Sainte Victoire

23 réflexions au sujet de « Sainte Victoire entre ciel et terre »

  1. Je connais un peu Sainte Victoire, c’est vraiment un très beau coin ! Tu as du profiter de cette jolie sortie, avec un beau soleil en plus la chance.. Il est bien capricieux en ce moment ! Ca donne envie en tout cas

  2. Ca c’est un Super enchainement, tu n’as pas trainé en chemin vu ton temps.
    Voilà de quoi faire chauffer les cuisses, et surtout en prendre plein les yeux au coeur de cette magnifique Sainte Victoire.
    Comme tu le dis, il ne faut pas trop avoir peur de grimper.
    Il me manque la montée par Forcioli. Je ne tarderai pas à y faire un tour (en restant prudent)
    Merci

    • Je te conseille franchement le sentier Forcioli, il est encore plus sauvage que le jaune. Tu reviendras me dire ce que tu en penses.
      Merci pour ton passage et ton commentaire.
      A bientôt.

  3. super topo bien illustré.
    Il faudrait que je passe pas là un jour (je suis parfos pas trop loin, à Bandol)
    il ne manque plus que la trace à suivre 😉

    • Cool Julien ! Tu peux visualiser la trace sur Movescount avec l’URL suivante : http://ww7.fr/b2cg
      Si tu veux, je peux également t’envoyer le fichier par mail.Tu n’auras plus qu’à suivre l’itinéraire dans ton Ambit 😉
      Mais ça sera plus sympa que je t’accompagne.
      Fais-moi signe si tu passes dans le coin, c’est avec plaisir que je te ferai découvrir la région.

  4. Je découvre ce site super sympa cet après-midi après un bon entrainement dans le massif de l’étoile au dessus de Mimet (et oui on est voisin ;))
    Ton parcours dans la Sainte-Victoire semble super sympa, je crois que j’ai trouvé ce que j’allais faire le weekend prochain!
    En tout cas super site. Bonne continuation à toi! Je serai bénévole sur le Grand Raid du Queyras, on s’y croisera peut-être.
    Maxime

    • Merci Maxime pour tes encouragements.

      Je vois le massif de l’Etoile tous les soirs quand je rentre du boulot mais je n’y ai jamais couru. Ça m’a l’air bien sympa. Je connais un peu Mimet en revanche.
      À une époque on y trouvait un des trails les plus durs de la région en terme de dénivelé. J’en avais fait une partie en off, c’était bien classe !

      Bon courage sur le Trail du Queyras. Ça risque d’être une belle aventure même pour les bénévoles. J’espère pouvoir faire le court (le long risque de faire trop à deux mois de la TDS) si mon emploi du temps le permet. En tout cas, j’ai vraiment envie d’être sur cette première édition.

      Si tu as besoin de conseils sur le parcours que je propose à Sainte Victoire, n’hésite pas. C’est pas forcément évident quand on ne connais pas.

      À très bientôt ici ou sur les sentiers !

      • Pour courir régulièrement et dans la Sainte-Victoire et dans le massif de l’Etoile, je dirais que les deux ont du charme. L’avantage de l’Etoile étant la vue magnifique sur Marseille et sur la Sainte-Victoire.
        Mais j’avoue que la Sainte-Victoire c’est quelque chose de magique…
        J’ai adoré le parcours du trail (long) de cette année.

  5. Mon chez moi !!!

    Que c’est bon de revoir un peu du pays. Je me rappelle les bivouacs aux refuges du Prieuré et dans le petit de Baudino ! Les longues courses, sur la crête, les jours de mistral, les descentes en rappel, les voies d’escalade, la recherche d’œufs de dinosaures dans la terre argileuse de couleur rouge comme le soleil ! Sans oublier les folles descentes en VTT !

    Merci pour ce moment de nostalgie.
    :`(

    • Tu es un « expatrié », c’est ça ?
      C’est clair que j’ai une chance inouïe d’habiter cette région.
      C’est un peu plus compliqué en juillet et août à cause de la chaleur mais j’en profite pour faire autre chose (la sieste par exemple…)

      • Oui, sur la région parisienne, pour le taf. Moi je suis de Trets, le mont Olympe, le Regagnas …

        Un juillet août, c’est surtout fermé à cause du risque d’incendie.

      • Absolument !
        Mais les choses ont intelligemment évolué depuis quelques années. En effet l’accès aux massifs durant la période estivale n’est interdite qu’en fonction de la météo.
        Il suffit d’aller sur ce site pour connaître le jour même les conditions d’accès (Accès autorisé toute la journée / Accès autorisé le matin jusqu’à 11h / Accès interdit).
        C’est un peu plus malin non ?

  6. Merci pour ce super topo !
    Oui, je serai ravi de faire cette sortie avec toi, mais suis dispo seulement samedi…
    Sinon, je vais prendre la carte et essayer de me faire une variante : d’abord forcioli, redescente par Imoucha et le pas du Moine, puis remontée par le pas de la savonnette (sentier jaune) et enfin retour à la voiture par le pas du clapier.
    Le tout sur un rythme tranquille : je vise 3 heures pour ces deux montées.
    Encore merci pour ton blog et tes suggestions… Et si tu peux te libérer samedi, je serai vraiment ravi de partager cette sortie avec toi ! 🙂

  7. Ping : Trail Sainte Victoire 2015, une édition bénite ! | Highway To Trail

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